Analyses et réflexions

GJK ÉDITO : AFIN QUE L’AIDE DES BAILLEURS ÉTRANGERS AIDE À SE PASSER DE L’AIDE GRÂCE AU TRAVAIL DES CENTRAFRICAINS

Par GJK

Comme elle était belle à voir cette RCA si souriante et si fière, rassemblée qu’elle fut, autour de la table ronde de Bruxelles de ce 17 novembre 2016, où ses principaux dirigeants avaient rendez-vous, pour implorer la générosité des donateurs et bailleurs de fonds internationaux, et recueillir à l’issue de leur plaidoyer, des promesses d’aide très salutaires. Que cette même RCA telle que les images nous l’ont montrée et immortalisée, puisse à jamais demeurer, aussi gai, aussi élégante et aussi unie en terre centrafricaine, à l’heure des responsabilités et des exigences nouvelles qui s’ouvre, mais encore et surtout, quand viendra le moment de faire les points et de rendre les comptes.

En effet, si depuis des décennies, les dirigeants centrafricains n’avaient pas excellé dans le culte de la vénalité mêlée à l’arrogance de la corruption facile ; si ces dirigeants avaient pu s’empêcher de ne voir dans le pouvoir qu’un dîner de gala et un moyen de tisser de vastes réseaux polico-mafieux ; si le pouvoir n’avait pas été pour eux une occasion inespérée d’enrichissement familial et clanique ; si ces dirigeants avaient – à temps -, su offrir aux populations leurs libertés et toutes leurs libertés démocratiques ; si tous les régimes qui se sont succédés les uns après les autres avaient mis en avant l’intérêt général, s’ils avaient réussi valablement à exploiter et mis en valeur les immenses potentialités du sol et du sous-sol centrafricain ; si les différents responsables du pays avaient su magnifier à travers leur propre exemple, les valeurs du travail, et réussi à convaincre le peuple à se réconcilier avec la terre, s’ils avaient su éviter au pays la guerre et le chaos ; alors, la RCA, bientôt vieille de soixante années d’indépendance, aurait certainement constitué en ce moment, une immense fortune nationale, et érigé même une montagne de milliards de dollars aussi haute que la colline de Gbazabangui qui surplombe Bangui la capitale. Aussi, du sommet des richesses amoncelées, les Centrafricains auraient regardé sans doute avec mépris, la « modique » somme d’à peine trois milliards de dollars américains promise par des bailleurs de fonds internationaux, aussi généreux soient-ils, mais orgueilleux et extrêmement exigeants. Sans oublier de mentionner que pour obtenir cette aide, il a fallu s’échiner à rédiger un « Plan National de Relèvement et de Consolidation de la Paix en RCA » ; « décapiter »  et priver pendant plusieurs jours, les institutions de la République de leurs dirigeants et hauts cadres, et déplacer – à tort ou à raison – tout le gotha centrafricain à Bruxelles, pour développer un plaidoyer dont il ne pouvait se passer.

Qu’à cela ne tienne, il n’ya aucune honte pour un pays qui patauge dans la gadoue depuis tant d’années, à crier son malheur et à s’accrocher à toutes les mains susceptibles de l’extraire du gouffre. De la même manière, il n’ya aujourd’hui pour le peuple centrafricain, aucun orgueil à afficher et aucune fierté particulière à vouloir manifester un excès d’enthousiasme, après avoir tendu sa sébile d’indigent des dix mains – comme on dit chez nous -, pour recevoir et profiter des fruits du travail accompli par les peuples d’autres pays du monde.

Aussi, autant il est difficile de digérer les railleries et les expressions de mauvaise foi des éternels aigris par rapport aux efforts fournis et aux résultats obtenus, autant on ne peut raisonnablement comprendre et s’expliquer cette arrogance affichée par ceux qui semblent déjà escamoter et remettre en question les fondements encore fragiles de l’union sacrée, en cherchant à s’arroger maladroitement et à titre personnel, le mérite de cette table ronde réussie de Bruxelles.

Mais à vrai dire, entre les éternels « opposants » à tout et indécrottables détracteurs du Président de la République d’une part, et d’autre part, les thuriféraires toujours prêts à dresser des colonnes d’apothéose, à voir et à célébrer des victoires à chaque occasion, il convient de laisser un peu d’espace à la réflexion lucide sur l’avenir de la RCA après Bruxelles.

Tout d’abord, la simple objectivité recommanderait de reconnaître, que si les sept premiers mois de Touadera au pouvoir, n’ont pas été une réussite parfaite, cependant, on ne peut affirmer non plus, qu’ils ont donné lieu à un échec patent.

À mon avis, Bruxelles vient d’offrir au Président centrafricain, une occasion en or et même inespéré, qu’il ne tient qu’à lui  maintenant de savoir en tirer largement bénéfice. Pour ce faire, il va falloir à Touadera, changer son rythme et revoir sa façon actuelle de présider. Il aurait tout intérêt, à se rendre personnellement et physiquement plus visible, plus déterminé, plus efficace, et surtout plus rapide et prompt dans ses prises de décisions et dans ses actions qui, elles, devraient pouvoir produire le plus de résultats tangibles et transparents possibles pour le peuple.

Cela dit, entre autres, il me paraît clair que :

  1. la stratégie de négociation adoptée jusqu’ici vis-à-vis des rebelles devrait être entièrement revue et analysée à nouveau, si l’on veut sortir rapidement d’une situation qui stagne malheureusement ;
  2. la recomposition du gouvernement devrait pouvoir intervenir assez rapidement;
  3. toutes les institutions prévues par la constitution – notamment la Cour Constitutionnelle et la Haute Cour Chargée de la Bonne Gouvernance -, devraient pouvoir être mises en place dans les délais prévus et dotées rapidement de tous les moyens indispensables à leur fonctionnement efficace.

Mais au-delà-de tout, il est un point fondamental sur lequel, il apparaît plus que nécessaire aujourdhui de changer de discours. C’est celui qui concerne LA PAIX ET LA SÉCURITÉ.

En effet, depuis plusieurs années déjà, compte tenu des menaces qui pèsent sur le pays ainsi que des violences extrêmes qui continuent d’ailleurs de s’y dérouler, toute l’attention officielle des autorités et des populations, reste focaliser sur les seules questions de paix et de sécurité qu’il ne faut certes pas négliger. Mais cela a eu pour résultat « négatif », de détourner l’attention du peuple centrafricain de cette valeur première et fondamentale sans laquelle aucun développement n’est possible : LE TRAVAIL.

Aujourd’hui, il est ahurissant d’observer ou d’’entendre à quel point les écoliers, les élèves et les étudiants ainsi que leurs enseignants, ont perdu le vrai sens de l’apprentissage et de la formation ; les paysans et artisans quant à eux, sont complètement blasés et découragés, au point de ne plus trouver du sens à tout ce qui faisait leur fierté ; les fonctionnaires et autres agents des secteurs para-public et privé, tous, profondément démobilisés, rivalisent publiquement en termes d’incompétence et de vénalité. Alors, dans cet océan d’inconscience professionnelle où tout le monde se noie, ceux qui par simple lucidité ou par patriotisme, essaient de faire la différence et de suivre la voie du changement, deviennent systématiquement des cibles à décourager pour ne pas dire à abattre. Pour s’en rendre compte, il suffit d’aller un jour au « Building administratif » où se trouve la plus forte concentration de ministères et de fonctionnaires. Là, on peut constater aisément, l’état d’esprit qui anime ceux sur qui le pays, en principe, aurait dû s’appuyer pour espérer son relèvement et le changement voulu. Or, ce qui les caractérise malheureusement aujourd’hui se résume à ceci : absences et retards considérables à l’arrivée au travail, « bureaux » installés dans les « ngandas », services monnayés auprès des usagers, que sais-je encore!

En définitive, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ DEVRAIENT CESSER D’ETRE LA PRIORITÉ DES PRIORITÉS. IL FAUT PORTER LA PLUS GRANDE ATTENTION SUR LE TRAVAIL.

En tout état de cause, la SÉCURITÉ  ne relève au final que du TRAVAIL des forces de l’ordre, qui, s’ils avaient les moyens de faire correctement tout leur boulot, arriveraient sans difficulté à instaurer la PAIX.

Au demeurant, qui mieux que le Chef de l’Etat, Faustin Archange Touadera, les membres de son gouvernement, les députés et les plus grands responsables du pays, s’ils donnaient eux-mêmes l’exemple, pourraient réussir à réconcilier aujourd’hui le peuple centrafricain avec la valeur TRAVAIL ?

En fait, il est une chose évidente : un dirigeant du pays ou un haut responsable de l’administration, qui arrive lui-même à son bureau au-delà de l’heure prévue pour le début du travail, lance systématiquement à l’attention de tous ses collaborateurs et ses subordonnés, le plus mauvais signal qui soit, et distille insidieusement dans les esprits, l’idée que le travail n’est pas une priorité. Cela, peu importe si ce dirigeant ou haut responsable en question, peut invoquer le fait de passer par exemple toutes ses nuits à travailler sur des dossiers  à la maison chez lui ou ailleurs. Ce qui importe pour les autres, c’est l’heure à laquelle ils le voient entrer et sortir de son bureau.

Enfin, au lieu de se préparer à organiser des manifestations insensées, et à lancer une fois de plus une campagne « mensongère » autour des milliards que l’on n’a pas encore reçus et que l’on est pas à cent pour cent si sûrs de recevoir à tous les coups, le véritable message de BRUXELLES demeure à mon avis celui-ci :

QUE L’AIDE DES BAILLEURS ÉTRANGERS AIDE À SE PASSER DE L’AIDE GRÂCE AU TRAVAIL DES CENTRAFRICAINS.

GJK-Guy José KOSSA
L’Élève Certifié du Village Guitilitimö

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