Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE: AU COEUR DE L’HUMANITAIRE

Agonie assourdissante mais silencieuse de la Centrafrique.
EUFOR-RCA toujours bancale

Il ne se passe pas un jour que la France, d’un coté, s’égosille à faire entendre la cause de Centrafrique, agonisée par des violences inextricables, auprès de ses partenaires européens pour obtenir leur présence à son chevet.

C’est ainsi que les « moblos », gendarmes mobiles et leurs collègues de la GD sont sur le départ pour Bangui à partir du 27 mars 2014. Les 55 gendarmes seront sous les ordres du colonel Massiot.

Mais la mission européenne Eufor-RCA, si l’on en croit, selon Ouest France du 25/03/2014, la déclaration du président Hollande à Bruxelles, le vendredi dernier, « il faut 500 personnels, il y en a pour l’instant 375 ». Il manque donc 125 à l’appel pour compléter l’effectif de l’Eufor-RCA. Par ailleurs le Comité militaire prévient que « rien ne sera fait avant la fin de la semaine » et qu’il faut attendre les «annonces gouvernementales » car les européens « sont dans la phase d’adaptation de la feuille de route de décision ultime », précise le journal.

« La force française a un soutien très faible des Européens, quant aux troupes des Nations unies, elles n’arriveront pas avant septembre », constate M. Bouckaert, alors que les Etats européens n’ont pas encore pu réunir les 800 à 1 000 hommes nécessaires à une mission d’appui.

L’UE a-elle envie de se déployer en Centrafrique ?

Les partenaires sociaux internationaux
peinent à s’engager pour la Centrafrique

Dans ce tumulte silencieux des partenaires, les ONG présentes en Centrafrique ne parviennent pas à attirer simplement leurs regards sur la situation de ce pays détruit malgré leurs cris de détresse ; ne réussissent pas à faire entendre la voix de la souffrance du peuple, rapportent plusieurs journaux : « un niveau de haine terrifiante ; des personnes continuent d’être tuées quotidiennement ; une hausse de la criminalité sur fond d’Etat failli et d’impunité ; descentes aux enfers ; une situation humanitaire catastrophique ; plongé dans le chaos ; la situation est insupportable ; la situation humanitaire et sécuritaire est très grave ; les conditions sanitaires restent dramatiques ; désastre humain ; regain de tension ou de violence ; nouvelle flambée de violences ». Les ONG ne tarissent pas de vocabulaires et des adjectifs devant « ce pic de violence ». La communauté internationale demeure quelque peu insensible.

« Le plus choquant est de constater l’absence de réaction de la communauté internationale », s’offusque de son côté Marie-Elisabeth Ingres, qui craint que la RCA ne retombe, dans l’oubli, « dans ce trou noir politique et médiatique » dans lequel le pays était plongé avant la crise de 2013, relève le monde.

Les acteurs humanitaires s’inquiètent particulièrement de l’absence d’initiatives en faveur d’une réconciliation. Depuis janvier, les actions de la présidente Catherine Samba-Panza et de son gouvernement sont restées extrêmement timides. Le processus de démobilisation et de réinsertion des combattants est balbutiant ; les tentatives de médiation entre communautés rarissimes. « Ce qu’on continue à voir est extrêmement choquant », relate Mme Rodrigue.

Plusieurs ONG ont fini par dénoncer cette semaine l’absence de perspective politique pour le pays. « Nous sommes très inquiets de ce vide et de ce silence politique qui s’est installé », a souligné Marie-Hélène Rodrigue, la directrice des opérations MSF, lors d’un point presse organisé, mercredi, au siège de l’organisation à Paris, indique Le Monde du 22 mars 2014.

Dans ce contexte, annonce l’African Press Organization, ce 26 mars 2014 à Genève, que le président du Comité international de la Croix-Rouge, M. Maurer entame une visite de trois jours où il se rendra auprès de personnes directement touchées par la violence ou subissant les conséquences du conflit. Il s’entretiendra avec des représentants des autorités nationales, de l’armée française, (MISCA), ainsi que des Nations Unies. Il rencontrera des dirigeants et des volontaires de la Croix-Rouge centrafricaine, principal partenaire du CICR dans le pays, grâce à laquelle des milliers de blessés ont pu être secourus et des centaines de dépouilles inhumées.

Tuerie en Centrafrique : Acte gratuit

Pendant ce temps, l’on ne mesure pas avec exactitude le « niveau terrifiant » des souffrances des populations, et les assassinats dans l’arrière pays. Pendant ces 48 heures les RJDH Centrafrique, ont tristement relevé :

A Bangui, le 25 mars 2014, des crépitements d’armes ont à nouveau retenti dans les quartiers nord de Bangui. Des contingents rwandais et burundais de la force africaine qui étaient partis démanteler les barricades érigées par des anti-Balles AK sur l’avenue de l’Indépendance, ont rencontré une opposition de ces derniers, déclenchant ainsi des affrontements. Aucun bilan des altercations n’est pour l’instant établi. Mais déjà, la Croix-Rouge Centrafricaine fait état d’une quinzaine de personnes tuées au courant des sept derniers jours.

Selon le Réseau des journalistes des Droits de l’Homme, les burundais de la Misca sont pris pour cible par les ant-balles AK parce qu’ils ont contré l’attaque sur le dernier bastion des musulmans de KM5, leur infligeant des pertes. Les miliciens ont décidé de prendre leur revanche sur ce contingent des soldats».

Le général Jean-Marie Michel Makoko, chef de la Misca, qui a condamné cette attaque contre des soldats de la paix internationaux, a « invité les autorités centrafricaines de transition à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour arrêter et poursuivre les auteurs de ces attaques.

En outre, rapporte le communiqué, le général Makoko invite tous les groupes armés à déposer les armes au processus de dialogue et de réconciliation récemment lancé par le gouvernement de transition.

A Sam-Ouandja, ce 25 mars 2014, deux personnes ont été blessées par une grenade dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 mars, parmi les éléments de Séléka à la suite d’une dispute sur le partage de butin : de l’argent et d’un véhicule 4X4, a fait savoir un témoin. Une autre personne avait été tuée le samedi 22 mars, parce qu’elle n’avait pas donné l’argent que lui demandaient ces seleka armés venus de la ville ou Bangui, a signalé le témoin. « Même les enfants ne sont pas épargnés » a souligné Mahamat Mamadou, un autre habitant.

A Gamboula, douze personnes ont été tuées samedi 22 mars, lors d’une attaque des éleveurs peulhs armés, au village de Godawa situé à 70 kilomètres de la ville de Gamboula (Sud Ouest). Trente maisons ont également été incendiées.

Le rouleau compresseur de la loi du talion née de la haine s’est mis immédiatement en marche. Selon les RDJH, informés de la situation, des anti-Balles AK dans les environs ont, à leur tour, attaqué ces éleveurs. « Six Peulhs ont trouvé la mort et un autre a été blessé », a fait savoir Symphorien Nangoua, un habitant de Gamboula, sans donner plus de précisions.

Les habitants de la ville de Damara, située à 75 kilomètres Bangui, ont de nouveau regagné la brousse samedi dernier suite à des détonations encore entendues. « Il s’agirait d’éléments burundais de la Misca qui étaient de passage et qui ont ouvert le feu sur la population. » Aucun bilan humain n’a été déploré. D’après Arsène Dana, le maire, « nous avons été informés de la situation et nous avons contacté la Misca, qui dément cette accusation. »

L’oncle et le père d’un jeune homme décédé ont été tués à coup de machettes par des anti-Balles AK, le dimanche 23 mars dans la ville de Kaga-Bandoro. Les victimes étaient accusées d’avoir envoûté le jeune homme, précise le Réseau.

Quant à la ville d’Ippy, ce 24 mars, un jeune homme âgé de 25 ans a trouvé la mort à la suite de l’explosion d’une grenade le samedi 22 mars, dans la ville d’Ippy (Centre). Des enfants jouaient avec l’engin explosif, avant que la victime ne la leur confisque des mains.

« Idriss Déby, l’ami gênant de Paris »

La Libération du 26 mars 2014, dans sa rubrique ‘Rebonds’ titre : « Idriss Déby, l’ami gênant de Paris » cosignée par François de Rugy et Noël Mamère.

« L’arrivée aux affaires du président Hollande a marqué une rupture dans les méthodes qui caractérisaient la politique africaine de France […] Les «réseaux historiques» ont été́ abandonnés […] Mais la poussée islamiste en Afrique subsaharienne et le déclenchement quasi simultané́ des opérations Serval (au Mali) et Sangaris (en Centrafrique) ont placé la France dans une position de relative dépendance vis-à-vis de N’Djamena. En janvier 2013, le président tchadien a été́ parmi les premiers chefs d’Etat africain à prêter main-forte aux troupes françaises au Mali, dépêchant 2 400 hommes sous le commandement de son fils. Un an plus tard, il a achèvé de se rendre incontournable aux yeux de la France en fournissant à la mission africaine opérant en Centrafrique (Misca) près du quart de ses effectifs »

Les relations de la France avec le Tchad posent de nombreuses énigmes à résoudre :

1. « D’abord, il convient de rappeler que la politique autoritaire et répressive menée par Déby depuis vingt-trois ans va à l’encontre du respect le plus élémentaire des principes démocratiques. »

2. « La modification arbitraire de la Constitution locale pour étendre le mandat présidentiel, l’exercice clanique et sans partage du pouvoir, le musellement – quand ce n’est pas l’élimination – de l’opposition devraient inviter la diplomatie française à prendre davantage de distance avec le pouvoir en place. Vingt et un sénateurs viennent de proposer la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la responsabilité́ de représentants français dans les événements de février 2008. »

3. « A cette époque, la répression d’une offensive de rebelles armés avait fait des centaines de victimes et conduit à la disparition de trois responsables de l’opposition, dont Ibni Oumar Mahamat Saleh. »

« Face à la fragilité́ démocratique des régimes d’Afrique centrale, il est urgent de développer une politique de «nivellement» consistant, d’une part, à traiter sur un pied d’égalité́ tous les pays de la sous-région, et d’autre part, à renforcer le dialogue avec les organisations panafricaines. »

Il est urgent aussi de clarifier les relations
de la France avec le pouvoir tchadien.

« En Centrafrique, plusieurs cas de collusion entre soldats tchadiens de la Misca et ex-rebelles musulmans de la Séléka ont été́ rapportés par les observateurs internationaux. De même, aux premiers jours de l’opération Sangaris, les autorités tchadiennes n’ont pas hésité à mettre en doute l’impartialité́ du désarmement français, fragilisant la position de nos soldats sur le terrain. Certains objecteront que les militaires tchadiens ont payé un lourd tribut durant les interventions au Mali et en RCA et qu’ils méritent notre reconnaissance. Cet argument n’est pas contestable. Mais il est essentiel que ce partenariat franco-tchadien n’entrave pas notre autonomie stratégique. »

Selon Le Monde du 24 mars sous la plume de Charlotte Bozonnet, le Tchad est pris dans son propre « piège » dans la crise centrafricaine. Après son épopée victorieuse au Mali aux côtés de l’armée française et sa « fière allure », cette fois, son affaire en tant que « faiseur de rois en Centrafrique » a mal tourné. Il était obligé sous la pression de France de débarqué son poulain Djotodia à Ndjaména, le 20 janvier 2014, suite aux exactions des rebelles de la Séléka (musulmans), qui ont semé le chaos dans le pays.

Selon Le Monde du 24 mars 2014, aujourd’hui, le Tchad présente l’image non pas d’une puissance militaire mais celle d’une armée tchadienne contrainte d’escorter vers le Tchad des milliers de musulmans terrorisés, fuyant la Centrafrique.

Catherine Samba-Panza à Bruxelles

Enfin Jeune Afrique indique ce 26 mars 2014 qu’un mini-sommet l’UE sur la Centrafrique se tiendra le 2 avril à Bruxelles en marge du sommet UE-Afrique (2 et 3 avril). Mme Catherine Samba-Panza, présidente de la transition, qui fera un crochet par Paris le 1er avril où elle rencontrera François Hollande a également été conviée rapporte le journal.

Joseph GRÉLA

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